Tribune libre : Réaction de Mme Micheline JACQUES, élu au Conseil Territorial de Saint-Barthélémy

En lisant l’article intitulé « accession au statut de PTOM : Emmanuel Jacques dépose un recours devant le tribunal administratif »paru dans le n° 857 du journal de Saint-Barth du 7 janvier dernier, l’élue que je suis se doit de réagir. En effet, si Mr Jacques, en sa qualité de citoyen, est en droit de déposer un recours (ce que je ne conteste pas), je réfute toutefois qu’il parle en lieu et place des conseillers territoriaux dont je fais partie. De quel doit ce monsieur se permet-il d’argumenter son recours en mettant en avant qu’en ma qualité de conseillère territoriale je n’aurai pas reçu tous les éléments « me privant de la réflexion nécessaire à ma décision »? Je considère cette stratégie déplacée et irrespectueuse. J’ai le sentiment en lisant ces lignes que Mr Jacques prend les conseillers territoriaux et tous les électeurs qui leur ont attribués leur confiance pour des imbéciles. Je tiens à préciser que dès la visite de Mme Girardin, alors que le référendum n’avait pas encore eu lieu, cette question avait été discutée. Mr le président a fait intervenir des universitaires spécialistes dans ce domaine par le biais de débats ouverts tant aux élus qu’à l’ensemble de la population. Enfin, nous savons tous surfer sur Internet et nous sommes tous capable de nous documenter sur le sujet. Je tiens à dire ouvertement que ma décision a été mûrement et pleinement réfléchie.
D’autre part, je souhaiterais dire que Saint-Barthélemy n’a pas attendu que l’Europe dicte des règles en matière d’environnement pour en fixer. Je rappelle que cette île est la plus avant-gardiste en ce domaine. Je suis titulaire d’une licence et d’une maîtrise d’écologie, j’ai étudié la géopolitique et je peux vous garantir que j’étais très fière quand ce petit bout de rocher était régulièrement pris en exemple devant mes collègues étudiants dans bien des aspects environnementaux. Je ne vois pas pourquoi nous ferions marche arrière. De plus, en observant le comportement de personnes fraîchement arrivées vis-à-vis du tri sélectif, je ne peux que constater que cela n’est pas encore systématique partout.
Par ailleurs, La communauté portugaise que je respecte est sur l’île depuis plus de 30 ans, elle fait partie intégrante de notre société et ce n’est pas la seule nationalité que l’on trouve ici. Cet échange multiculturel est nécessaire et bénéfique pour cette île. Cependant, nous ne devons pas oublier que nous
vivons sur 24 km² et nous nous devons
de réguler le nombre d’habitants afin
de garantir un cadre de vie acceptable. Je rappelle que la population permanente a augmenté de 1558 individus en 17 ans et que nous commençons à en ressentir les effets.
A ce titre, certaines personnes viennent installer leur famille ici pour bénéficier du statut de résident et passe le plus clair de leur temps à Paris, en Islande, entre autre. Sachant que l’Islande va bientôt intégrer l’Europe, il est évident que ce sera un manque à gagner important pour eux si nous devenons PTOM.
Depuis des décennies, Saint-Barthélemy a su se développer en maîtrisant son urbanisme, en préservant son environnement, sa stabilité sociale et économique.
Nous le devons aux multiples élus qui se sont succédés et qui ont toujours mis en avant l’intérêt public au détriment des intérêts privés. Le Président, le Sénateur, ceux qui ont œuvré à leurs côtés, ceux qui les ont initiés à la vie publique ont toujours défendus les intérêts de cette île. Il a pu y avoir des « loupés » mais tout ce qui a été fait, l’a toujours été dans le but de servir cette île et le résultat est là. Je suis donc très surprise de constater qu’en 2010, on s’inquiète à ce point de son avenir.
Les évènements climatiques de la fin de l’année privant d’eau l’île durant plusieurs jours, la catastrophe que vient de vivre Haïti devrait nous faire réfléchir. Qu’adviendra t-il si demain les moteurs EDF deviennent défectueux ? Le précédent recours de ce monsieur nous prive de la possibilité d’avoir des infrastructures électriques nouvelles. Ce dernier recours n’a d’autre but que de freiner le processus en cours sachant que les présidentielles arrivent à grands pas. Avec le soutien de Mme la ministre de l’outre mer, notre projet a de grande chances d’aboutir, ne la laissons pas passer. Nous risquons de le regretter amèrement. Il nous appartient de prendre en main notre destin, ne laissant pas des individus qui ne connaissent rien à notre vécu décider en notre nom.
J’en profite pour souhaiter à tous mes vœux de santé, de courage et de ténacité pour cette nouvelle année.
Micheline Jacques.

Micheline Jacques a écrit:D’autre part, je souhaiterais dire que Saint-Barthélemy n’a pas attendu que l’Europe dicte des règles en matière d’environnement pour en fixer. Je rappelle que cette île est la plus avant-gardiste en ce domaine. Je suis titulaire d’une licence et d’une maîtrise d’écologie, j’ai étudié la géopolitique et je peux vous garantir que j’étais très fière quand ce petit bout de rocher était régulièrement pris en exemple devant mes collègues étudiants dans bien des aspects environnementaux.

Ce n'est pas pour faire mon intéressant, mais j'habite ce petit caillou depuis 11 ans et je viens d'Alsace. Là-bas, et grâce à la proximité avec les pays germaniques qui EUX, sont vraiment en avance sur l'Ecologie, nous avons été une des premières régions de France à expérimenter le tri sélectif, il y a donc un peu près 15 ans.
Les germans sont bcp plus portés sur les énergies propres comme le solaire, l'éolien ou l'hydrolique alors même que le climat européen ne s'y prête pas tjs.
ALors qu'on m'explique pourquoi ici, sur 24km² baigné + de 300 jours par les rayons solaires, les alizées et qq fois la houle, pourquoi on n'impose pas plus d'énergie propres dans les délivrances des permis de construire ??!!

On n'arrête pas de nous dire que nous commençons à être trop nombreux sur le caillou et que la pauvre petite centrale EDF a bien du mal à nous fournir. Mais, si d'un autre côté, on imposait à toute nouvelle construction d'avoir des panneaux solaires, une éolienne, des toilettes sèches, un système efficace de récupération des eaux de pluies, une citerne suffisamment grande pour subvenir aux nombre d'habitants de la future maison, un système de recyclage des eaux interne, etc, etc... ça irait peut être mieux aussi, non ?

Sinon, une autre piste à explorer et qui me fait bondir à chaque fois que l'on a de fortes précipitations sur l'ile -je l'avoue, ça n'arrive pas souvent-: la quantité d'eau de pluie qui est perdue alors qu'elle pourrait être collectée et stockée. Il suffit de voir les énormes flaques se former à Public, à St Jean Villa Créole, devant l'aéroport. On ouvre bien nos routes chaque année pour refaire soit le fourreau des câbles de téléphone, soit agrandir les tuyaux d'acheminement de l'eau courante, soit enterrer le réseau électrique alors pourquoi n'a-t-on jamais pensé à faire des collecteurs d'eau de pluie ??